Il faut pourtant attendre encore une dizaine d’années avant que les deux communautés entrent officiellement dans la lignée de saint Benoît, par leur admission dans la Congrégation de Mont-Olivet : le 5 août 1886, le Père emmanuel, revêtu de l’habit blanc de cette Congrégation, émet sa profession bénédictine à Settignano, près de Florence, avant de revenir dans son petit monastère.
En 1892, il est nommé Abbé de Notre-Dame de la Sainte-Espérance. Après quelques années d’un épanouissement relatif de son œuvre monastique, le fondateur voit le climat politique s’assombrir en même temps qu’il sent ses forces décliner.
Il meurt le 31 mars 1903, à l’heure où les congrégations religieuses sont légalement sommées de disparaître ou de s’exiler : les monastères du Mesnil sont alors en pleine liquidation judiciaire et les deux communautés dissoutes. Ce sera l’honneur d’un disciple du Père Emmanuel, le Père Bernard Maréchaux (1849-1927), de sauvegarder l’avenir et de transmettre vivante la flamme reçue.
L'église paroissiale en construction
Vue du monastère et de l'église paroissiale au temps du P. Emmanuel
D. Emmanuel André sur son lit de mort (1903)
Vue des deux monastères et de l'église paroissiale (vers 1930)
En même temps qu’il édifie une nouvelle église paroissiale proportionnée au culte de Notre-Dame de la Sainte-Espérance et notamment aux foules qui affluent au pèlerinage d’octobre, l’abbé André, rejoint par l’abbé Paul Babeau met à exécution son projet déjà ancien d’embrasser la vie monastique. Le 30 novembre 1864, son évêque lui donne, avec l’habit bénédictin, son nom de religieux, sous lequel il passera à la postérité, Père Emmanuel. Quelques jeunes se joignent aux deux fondateurs. Un petit monastère s’élève bientôt (1872), à l’ombre de l’église paroissiale. Encore quelques années, et c’est une communauté de Sœurs bénédictines de Notre-Dame de la Sainte-Espérance qui voit le jour (1878).
Vie du
Père Emmanuel
Monastère et église paroissiale
Presbytère du P. Emmanuel
Place du terreau
Le Père Emmanuel André (1826-1903)
Ernest André naît en 1826 à Bagneux-la-Fosse (Aube) dans un foyer modeste et passe son enfance aux Riceys. Il y est marqué par le souvenir de la présence des moines, avant la Révolution, à l’abbaye de Molesme.
Après ses études au Séminaire de Troyes, il est ordonné prêtre (22 décembre 1849) et nommé curé de Mesnil saint-loup, une petite paroisse pauvre de la Champagne crayeuse. Cette terre aride se montrera étonnament fertile à son action pastorale.
Le 5 juillet 1852, l’abbé André obtient du pape Pie IX l’institution d’une fête annuelle dans sa paroisse, sous le nom ’Notre-Dame de la Sainte-Espérance’ ; titre bientôt enrichi de l’invocation "Convertissez-nous". Appuyé sur cette dévotion mariale mais aussi sur un vif souci d’instruire - enseignement du latin, formation à la liturgie, à la bible, aux richesses de l’Orient chrétien -, le zèle apostolique du curé du Mesnil obtient peu à peu la transformation de sa paroisse, non sans luttes ni résistances pourtant.
Dom Emmanuel André (1826-1903)