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Saint Grégoire et le diacre Pierre

Le pape saint Grégoire le Grand (540-604). Né à Rome dans une famille patricienne, il devient en 572 préfet de la ville. En 575, renonçant à ses charges et à sa fortune, il embrasse la vie monastique, fondant un monastère dédié à Saint-André dans sa demeure familiale du Mont Cælius (aujourd'hui l'église san Gregorio al Celio, à Rome, entre le Circus Maximus et le Colisée). Après avoir été apocrisiaire (représentant, sorte de nonce de l'époque) du pape Pélage II à Byzance, siège de l'empire romain, il est élu pape le 3 septembre 590. À ce titre, il a quasiment en charge l'Italie, abandonnée à son sort par l'empereur d'Orient, et négocie avec les Lombards, dont il amorce la conversion. Décision capitale, il envoie le moine Augustin (futur saint Augustin de Cantorbery) et un groupe de moines romains en Grande-Bretagne pour évangéliser ce pays et l'arrimer ainsi solidement à l'Église latine. De manière générale, il tourne l'Église vers les jeunes nations barbares qui s'implantent dans le domaine du défunt empire romain d'Occident. Son empreinte dans le domaine liturgique est également majeure ; en revanche l'attribution qui lui est faite de l'invention du chant « grégorien » est légendaire. Saint Grégoire, mort le 12 mars 604, est docteur de l'Eglise, et il est fêté le 3 septembre.

XXXIII - Le ciel vient au secours de sainte Scholastique pour empêcher saint Benoît de rompre leur entretien.


1. Grégoire : Qui donc, Pierre, sera plus sublime en cette vie que Paul, lequel, par trois fois, pourtant, a prié le Seigneur pour être délivré de l'aiguillon dans sa chair, et ne put cependant obtenir ce qu'il voulait ? À ce propos, il faut que je te raconte ce qui est arrivé au vénérable Père Benoît, car il y a une chose qu'il voulut faire mais ne put accomplir.


2. En effet, sa sœur, qui s'appelait Scholastique, consacrée au Dieu tout-puissant depuis sa plus tendre enfance, avait l'habitude de venir vers lui une fois par an et l'homme de Dieu descendait vers elle, au-delà de la porte, mais pas loin, dans la propriété du monastère. Or, un certain jour, elle vint comme à l'accoutumée et son vénérable frère, accompagné de ses disciples, descendit vers elle. Ils passèrent tout le jour dans les louanges de Dieu et dans de saints entretiens et, tandis que les ténèbres de la nuit commençaient à s'étendre sur la terre, ils prirent ensemble leur nourriture. Comme ils étaient encore à table et que leurs saints entretiens se prolongeaient, l'heure se faisant plus tardive, la sainte moniale, sa sœur, lui fit cette demande : « Je t'en prie, ne me quitte pas cette nuit, mais reste jusqu'au matin, que nous puissions parler encore des délices de la vie céleste. » Lui de répondre : « Que dis-tu là, ma sœur ? Passer la nuit hors de la cellule ! Je ne le puis nullement. »


3. Or la sérénité du ciel était telle qu'aucun nuage ne paraissait dans les airs. Mais la sainte moniale, sur le refus de son frère, joignit ses doigts, posa les mains sur la table et, inclinant la tête dans ses mains, pria le Seigneur tout-puissant. Comme elle relevait la tête, éclairs et tonnerre éclatèrent avec une telle violence et le déluge fut tel que ni le vénérable Benoît, ni les frères qui l'accompagnaient ne purent mettre le pied dehors. La sainte moniale, en inclinant la tête dans ses mains, avait répandu sur la table des fleuves de larmes qui, dans un ciel serein, avaient attiré la pluie. Et cette pluie torrentielle ne vint pas plus tard, après la prière, mais la concomitance fut telle que lorsqu'elle leva la tête, le tonnerre éclatait déjà, au point qu'il sembla que son geste à lui seul déclenchait la pluie.

                                                                

4. Alors, au milieu des éclairs, du tonnerre et de ce déluge, voyant qu'il ne pouvait retourner au monastère, contrarié, l'homme de Dieu commença à se plaindre en disant : « Que le Dieu tout-puissant te pardonne, ma sœur, qu'as-tu fait là ? » Elle lui répondit : « Eh bien ! Je t'ai prié et tu n'as pas voulu m'écouter. J'ai prié mon Seigneur, lui m'a entendue. Mais maintenant, sors si tu le peux, laisse-moi et rentre au monastère. » Lui cependant ne pouvait quitter l'abri : il  n'avait pas voulu rester de bonne grâce, il resta malgré lui. Ainsi passèrent-ils toute la nuit à veiller, parlant de Dieu et goûtant la joie de cet échange spirituel.


5. Tu vois qu'en l'occurrence, ce qu'il voulut, il ne put l'accomplir. Car si nous considérons l'intention de cet homme vénérable, nul doute qu'il n'ait désiré le même temps serein qu'il avait eu pour venir ; mais contre sa volonté, il trouva le miracle d'un cœur de femme à qui le Dieu tout-puissant prêtait sa force. Pas étonnant qu'en cette circonstance, cette femme qui désirait voir longuement son frère ait prévalu sur lui. Selon la parole de saint Jean, en effet : « Dieu est amour », c'est donc par un juste jugement que fut plus puissante celle qui aima davantage.

Pierre : Je l'avoue, ce que tu dis là me plaît beaucoup.


XXXIV - Montée au ciel de sainte Scholastique.

 

1. Grégoire : Le  lendemain, la sainte femme regagna sa cellule et l'homme de Dieu le monastère. Et voici que, trois jours après, se trouvant dans sa cellule, il leva les yeux au ciel et vit l'âme de sa sœur, sortie de son corps, pénétrer sous la forme d'une colombe dans les secrets du ciel. Plein de joie pour elle d'une si grande gloire, il rendit grâces au Dieu tout-puissant par des hymnes et des louanges et fit part aux frères de sa mort.


2. Puis il les dépêcha pour faire venir son corps au monastère et le placer dans le sépulcre qu'il s'était préparé pour lui-même. En sorte que ceux-là qui n'avaient jamais fait qu'un en Dieu sur terre, ne furent pas séparés dans la tombe.


[Nota bene : la tradition littéraire et liturgique atteste une translation des reliques de Benoît et de Scholastique, à la fin du 7e siècle, alors que le Mont-Cassin, le monastère de saint Benoît, où reposaient donc le frère et la sœur, se trouvait à l'abandon à la suite des destructions causées par les Lombards. Le corps de saint Benoît 'serait' arrivé à l'abbaye de Fleury, près d'Orléans, tandis que celui de Scholastique 'aurait' préalablement reposé au Mans et été transféré par la suite au monastère de Juvigny-sur-Loison, dans la Meuse. On ne peut entrer ici dans les détails, disons que cette tradition a pour elle de sérieux témoins, y compris au Mont-Cassin et donc un niveau important de crédibilité, quoi qu'en pensent nos confrères cisalpins ! En France, trois monastères féminins sont dédiés à sainte Scholastique, celui de Dourgne, à côté d'En-Calcat, celui d'Urt, à côté de Belloc, et celui de nos Sœurs, à Mesnil.]   

Frère Bernard

Sainte Scholastique, 10 février 2014


(1 Co 7, 25-35 ; Lc 10, 38-42)

          


La fête de sainte Scholastique nous rappelle avec force le primat de l'amour dans nos existences. Nous connaissons bien un épisode de sa vie rapporté par saint Grégoire le Grand dans ses « Dialogues » : moniale, Scholastique avait coutume de rencontrer son frère saint Benoît une fois l'an pour s'entretenir avec lui des choses de Dieu. Pressentant sa mort, elle pria son frère de prolonger leur conversation jusqu'au matin, mais son frère refusa au nom de l'obéissance à la règle. Alors Scholastique inclina la tête et pria. Le Seigneur fit éclater un violent orage qui empêcha Benoît de sortir. Et Grégoire de conclure : « Elle fut plus puissante car elle aima davantage. » Par-delà les images de ce récit, le point essentiel qu'il nous faut retenir, c'est bien le primat de l'amour rappelé par Jésus dans l'évangile d'aujourd'hui.


Quelle que soit notre vocation, seul importe l'amour que nous mettons en œuvre. Cela seul demeurera. Ce qui ne signifie pas que ce que nous faisons n'a pas d'importance, mais il nous faut tout entreprendre par amour et avec amour. Notre œuvre ne doit jamais nous sembler plus importante que l'amour que nous y mettons. De toute la vie de sainte Scholastique, nous ne savons presque rien, mais elle nous livre l'essentiel dans sa dernière rencontre avec son frère : nous n'avons vraiment rien de plus important à entreprendre sur la terre que d'apprendre à aimer. Cela seul demeurera.

Et cet apprentissage de l'amour recommence en chaque nouvelle existence, à la naissance de chaque liberté. En ce domaine, il n'y a pas de progrès collectif possible. Chacun, à la suite des saints, doit personnellement, mettre en jeu sa liberté pour aimer à frais nouveaux. Chacun de nous aussi, dans ce choix de l'amour et du plus grand amour, est solidaire de l'ensemble de l'humanité, relié mystérieusement à tous ; non seulement à ses contemporains mais à tout être déjà venu en ce monde ou à venir.

C'est bien pour cette raison qu'il me semble qu'il n'y aura jamais de paix définitive sur la terre, jamais de stabilité qui remplacerait un choix personnel de faire la paix et de la conserver. Les plus justes lois ne remplaceront jamais la conversion du cœur à laquelle les saints nous convient. Oui, le mystère de l'amour recommence tout entier à chaque nouvelle naissance et doit être victorieux du mal en chaque destinée. Cette vision n'a rien de démobilisant. Bien au contraire, elle situe mieux notre véritable combat. Nous ne luttons pas pour des principes, fussent-ils les plus justes. Nous luttons pour faire advenir l'amour en sachant que ce travail ne sera jamais achevé. Combattant le mal sous toutes ses formes, nous apprenons à ne pas demeurer indifférents à la souffrance du monde puisque nous la portons sans cesse davantage. Et si nous, moines, quittons le monde à l'exemple de sainte Scholastique, c'est pour mieux le porter dans la prière, pour nous enfoncer davantage au cœur de la lutte où se joue le destin de tous.

Prions sainte Scholastique pour qu'elle nous aide à faire le choix du plus grand amour et à trouver la lumière qui jaillit de la croix du Christ donnant sa vie jusqu'au bout.


Frère Bertrand


  

Dans ses Dialogues sur les vies et miracles des Pères d'Italie et sur l'éternité des âmes, saint Grégoire  nous rapporte la vie de saint Benoît de Nursie (480-547), laquelle occupe tout le livre II de cette œuvre. C'est, en dehors du texte même de la Règle de saint Benoît, l'unique source littéraire qui nous fasse connaître Benoît. Cet écrit a valu à Grégoire l'estime de l'Église orientale qui le nomme « le Dialogos », l'auteur des Dialogues. La qualification de l'œuvre comme des dialogues rend compte  d'un procédé d'écriture, le pape écrivain étant censé dialoguer avec son diacre Pierre, lequel pose au pontife des questions, dont la naïveté montre qu'elles n'ont d'autre intérêt que de scander le propos de l'auteur, comme on le lira ci-dessous, dans le récit du miracle de Scholastique et comme on le voit dans la miniature ci-contre : Pierre, avec son étole de diacre et le calame levé, attend probablement que le pape (il porte le pallium) ait fini de dérouler sa pensée sous l'inspiration de l'Esprit, figuré par la colombe.    

Sainte Scholastique et son frère Benoît,

selon les Dialogues de saint Grégoire le Grand

La rencontre de Benoît et de Scholastique

  

Sainte Scholastique

  

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Le 10 février 2014 :

Fête de sainte Scholastique